La « Croix des Templiers » de Dingé (35).
(texte et illustrations de Jean-Marc Boudier)
Située à l’entrée du bourg de Dingé (dans le 35), à « La Poterie » sur la route de Tinténiac, la croix de chemin dite « des Templiers » semble remonter au Moyen-Age (certains disent du 13e siècle…). En granit, elle paraît avoir été remaniée au cours du temps et est assez abîmée mais offre encore des motifs symboliques dignes d’intérêt, bien que parfois difficiles à identifier et à interpréter. Sa forme générale et les sculptures qui l'ornent la rattacheraient aux plus anciennes croix médiévales recensées en Bretagne.
Sur sa face sud, on peut découvrir un motif de croix pattée taillée en réserve (c'est à dire que le sculpteur a dessiné sa figure, puis a prélevé de la matière en creusant légèrement de façon à faire apparaître les contours, enfin il a précisé par incision), s’inscrivant dans un carré et encadré à ses extrémités de quatre disques (des doubles cercles, celui d’en bas n’étant plus guère visible). L’ensemble est harmonieux, faisant ressortir la croix comme en relief ou au contraire laissant aussi deviner un motif de quatre-feuilles.
Sur la face nord de la croix de Dingé, on peut voir au centre ce qui ressemble à deux volutes opposées (comme deux crosses) qui sortiraient d’un motif en forme de vase ou de cœur (?). Sur la partie basse de la croix, qui est abîmée, se trouve un motif en forme de X difficilement lisible (faut-il y voir des clés entrecroisées ?). Sur la branche du haut, on ne discerne plus bien ce que représentent les quatre traits verticaux. Dans sa petite plaquette, le P. Roger Blot ne croit pas à une datation trop ancienne de cette croix et propose un dessin assez curieux de sa face nord.
Le motif des deux volutes opposées se retrouve sur d’autres pierres gravées : par exemple sur un linteau de La Ville Auger à Saint-Pern (dans le 35) ou sur des chapiteaux de l’église Saint-Jacques de Perros-Guirec (dans le 22).
Cette dernière représentation remonterait au 11e siècle : associée à une rouelle solaire, elle représenterait des cornes de bélier (le soleil entre dans la constellation du bélier à l’équinoxe du printemps).
Il est à remarquer aussi qu’une maison du bourg de Dingé (1 rue des Lavoirs, 1 rue de Tanouarn) est dite « des Templiers » puis dite « Richelieu ». D'après Élie Desvaux, de l’ancienne maison, dépendant de l'abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt (dans la forêt de Rennes où les Templiers avaient des possessions), il ne reste presque rien, à l'exception de quelques éléments d'architecture pouvant remonter au 16e siècle.
Enfin, la croix de Dingé est peut-être liée à la maison templière de Combourg qui n’est pas très éloignée. Les Templiers possédaient un fief qui s’étendait jusqu’à Lourmais, le baillage de Terre-Rouge. Il y a aujourd’hui les lieux-dits : Le Temple, La Moignerie, Terre Rouge à Bonnemain. Signalons aussi au passage qu'il existe à Dingé une autre croix ancienne, cette fois-ci au milieu des champs, surmontant un menhir renversé.