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  • Un calice gravé dans la pierre (Perros-Guirec)

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    On trouve sur la colonne d'une croix dans l'enclos paroissial de l'église Saint-Jacques de Perros-Guirec ce motif, un peu effacé et taché aujourd'hui, où l'on peut reconnaître de bas en haut un calice surmonté d'une croix (remarquons que la partie haute du calice ayant la forme d'un cœur, cela forme aussi un Sacré-Cœur). On semble distinguer aussi au-dessus une forme carrée puis une forme ronde difficiles à interpréter. 

  • Une croix templière bretonne.

    La « Croix des Templiers » de Dingé (35).

     

     

    (texte et illustrations de Jean-Marc Boudier)

     

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                Située à l’entrée du bourg de Dingé (dans le 35), à « La Poterie » sur la route de Tinténiac, la croix de chemin dite « des Templiers » semble remonter au Moyen-Age (certains disent du 13e siècle…)[1]. En granit, elle paraît avoir été remaniée au cours du temps et est assez abîmée mais offre encore des motifs symboliques dignes d’intérêt, bien que parfois difficiles à identifier et à interpréter. Sa forme générale et les sculptures qui l'ornent la rattacheraient aux plus anciennes croix médiévales recensées en Bretagne. 

    Sur sa face sud, on peut découvrir un motif de croix pattée taillée en réserve (c'est à dire que le sculpteur a dessiné sa figure, puis a prélevé de la matière en creusant légèrement de façon à faire apparaître les contours, enfin il a précisé par incision), s’inscrivant dans un carré et encadré à ses extrémités de quatre disques (des doubles cercles, celui d’en bas n’étant plus guère visible). L’ensemble est harmonieux, faisant ressortir la croix comme en relief ou au contraire laissant aussi deviner un motif de quatre-feuilles[2] 

    On retrouve ce symbole du double cercle sur d’autres croix attribuées au Temple, comme par exemple la « croix des Templiers » aux Basses-Chapelles (35) près de Lanhélin où il y avait une « commanderie » de l’Ordre. Cette croix de carrefour pour les pèlerins présente un double cercle à la croisée. Dans l'église paroissiale Saint-André de Lanhélin se trouvent aussi une pierre tombale, apparemment d'un architecte (un certain Piquebe ?), avec une croix templière ou hospitalière entre un marteau et un compas (tout comme à Brélévenez), ainsi que d’autres dalles funéraires avec de même une croix pattée à la branche inférieure allongée (nous n’avons pas réussi à identifier les noms gravés en haut).

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    A Plerguer (35) existe toujours une croix de chemin : la « croix du Fresne » qui porte dans sa croisée une croix pattée dans une couronne. Elle n'est vraisemblablement pas à son emplacement d'origine, peut-être vient-elle de la paroisse de Vildé-Bidon (commune de Roz-Landrieux), qui a appartenu à l'Ordre des Templiers. Une pierre creuse, qui évoque un bénitier, se trouve devant la croix.

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    Enfin, à Saint-Maudez (22), on peut voir dans le cimetière une croix vraisemblablement d’origine templière avec cinq cercles représentant les Cinq Plaies du Christ.

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                Sur la face nord de la croix de Dingé, on peut voir au centre ce qui ressemble à deux volutes opposées (comme deux crosses) qui sortiraient d’un motif en forme de vase ou de cœur (?). Sur la partie basse de la croix, qui est abîmée, se trouve un motif en forme de X difficilement lisible (faut-il y voir des clés entrecroisées ?). Sur la branche du haut, on ne discerne plus bien ce que représentent les quatre traits verticaux. Dans sa petite plaquette, le P. Roger Blot ne croit pas à une datation trop ancienne de cette croix et propose un dessin assez curieux de sa face nord[3]. 

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                Le motif des deux volutes opposées se retrouve sur d’autres pierres gravées : par exemple sur un linteau de La Ville Auger à Saint-Pern (dans le 35)[4] ou sur des chapiteaux de l’église Saint-Jacques de Perros-Guirec (dans le 22).

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    Cette dernière représentation remonterait au 11e siècle : associée à une rouelle solaire, elle représenterait des cornes de bélier (le soleil entre dans la constellation du bélier à l’équinoxe du printemps). 

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    Il est à remarquer aussi qu’une maison du bourg de Dingé (1 rue des Lavoirs, 1 rue de Tanouarn) est dite « des Templiers » puis dite « Richelieu ». D'après Élie Desvaux, de l’ancienne maison, dépendant de l'abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt (dans la forêt de Rennes où les Templiers avaient des possessions), il ne reste presque rien, à l'exception de quelques éléments d'architecture pouvant remonter au 16e siècle[5].

    Enfin, la croix de Dingé est peut-être liée à la maison templière de Combourg[6] qui n’est pas très éloignée. Les Templiers possédaient un fief qui s’étendait jusqu’à Lourmais, le baillage de Terre-Rouge. Il y a aujourd’hui les lieux-dits : Le Temple, La Moignerie, Terre Rouge à Bonnemain. Signalons aussi au passage qu'il existe à Dingé une autre croix ancienne, cette fois-ci au milieu des champs, surmontant un menhir renversé.

     

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    [1] Croix et calvaires du canton de Hédé (La Mézière, Association Historique du Canton de Hédé, ADHCH, 1997, numéro 3, p. 19). Par ailleurs, Dingé semble se trouver sur le tracé de plusieurs anciennes voies romaines.

    [2] On retrouve ce motif à la chapelle Saint-Antoine de Tressignaux (dans le 22) : « Notons qu’il ne s’agit plus de marque à proprement parler. Sur la façade sud, une pierre sombre (spilite de Paimpol), située à gauche de l’entrée, porte un tracé significatif : dans un cercle, un trèfle ou selon que l’on remarque davantage les pleins que les creux une croix pattée des Hospitaliers St Jean de Jérusalem » (Jean-Paul Le Buhan, Les signes sur la pierre. Les marques lapidaires des anciens tailleurs de pierre en Bretagne, Fouesnant, Yoran Embanner, 2013, p. 58).

    [3] Croix et merveilles du Pays de Combourg, 1996, non paginé (circuit 5).

    [4] Reproduit dans Jean-Paul Le Buhan, op. cit., p. 292 ; dans le même ouvrage, on peut voir une reproduction d’une pierre tombale de la chapelle Saint-Jean du Créac’h en Plédran montrant le même motif répété deux fois en superposition à la place d’une croix (p. 342).

    [5] Desvaux (Élie), Histoire d’un village breton du pays gallo (Dingé, É.  Desvaux, 1998), p. 46.

    [6] 5 rue Chateaubriand. La maison actuelle, transformée en restaurant, date du 16e siècle.