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madeleine aumont

  • La « Croix Glorieuse » de Dozulé : erreur ou mensonges ?

    On ne peut être que désagréablement surpris de constater l’ampleur de la diffusion et l’écho national et international qu’a eu le pseudo-message du Christ à Dozulé dans le Calvados. Ce qui pourrait apparaître comme une simple agitation naïve voire ridicule d’esprits crédules, faibles et influençables, égarés par le mirage auto-valorisant de révélations privées et de prédictions extraordinaires, montre aussi des signes plus discrets autrement inquiétants et suspects.

    La recrudescence actuelle de sectes pseudo-chrétiennes pose vraiment problème et doit obliger le Magistère, pour y répondre et y faire face, à un retour à la tradition authentique, à une ligne clairement tracée et définie et à une doctrine sûre et solide, loin de tout fanatisme et obscurantisme. On peut se demander si, face à l’acharnement et à l’obstination des adeptes de Dozulé (« il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir et pire sourd que celui qui ne veut pas entendre »), l’Église locale ne va pas être tentée aussi de détourner « vers le bon chemin » le flot des « pèlerins » qui continuent malgré tout à venir sur place (sans parler bien-sûr de reconnaissance ou de récupération).

    Le « climat passionnel », l’ « atmosphère apocalyptique » et le « mysticisme incontrôlé » qui règnent autour de cette affaire vieille de plus de 40 ans semblent bien éloignés de la vraie dévotion chrétienne et de ses fruits spirituels (car l’on doit « juger un arbre à ses fruits »). Malgré que l’on ait fait ici abattre un pommier tordu pour désigner l’emplacement de la future croix, nous avons plutôt à faire avec une « pomme de la discorde » qui sème le trouble et la confusion dans les esprits et dans les cœurs et invite même plus loin à la superstition et à l’idolâtrie.

    Forts de leurs convictions en leur « mission divine », les adeptes de Dozulé se livrent depuis des années à une véritable propagande organisée, usant d’insinuations, de pressions, d’amalgames, de récupération, d’entrisme, d’activisme et de lobbyisme à tout va.

    On peut noter chez eux un refus, malgré souvent des protestations de façade, de recourir à un vrai discernement spirituel et à l’autorité ecclésiastique, ainsi qu’une recherche dangereuse et illusoire des phénomènes et manifestations et une dévotion uniquement sensible et sentimentale (jouant sur les émotions et notamment la peur). Un fort sentiment de complot apparaît souvent aussi, comme s’ils étaient les pauvres victimes d’une puissance ecclésiastique qui chercherait à étouffer l’affaire, à mettre « la lumière sous le boisseau » et à se livrer sur eux à une inquisitoriale « chasse aux sorcières ».

    La première apparition de cette « Croix Glorieuse » - croix blanche et lumineuse sans le Christ et donc apparemment différente de l’instrument du supplice de la Passion, rouge du Sang versé pour notre salut ! - à une brave paroissienne et mère de famille sans instruction de Dozulé dénommée Madeleine Aumont (en qui l’on veut bien voir la « Marie-Madeleine des temps modernes », une nouvelle Jeanne d’Arc et l’ultime apôtre du Christ et prophétesse de la fin du monde ayant eu pas moins de 49 apparitions miraculeuses !) remonte au 28 mars 1972. Toute une série d’apparitions auront lieu de 1972 à 1978 (avec même selon certains une apparition plus tardive en songe).

    Dozulé est ensuite présentée comme la Nouvelle Jérusalem - voire l’Arche de Noé de nos temps actuels - qui seule sera sauvée du cataclysme final, avec sa gigantesque « Croix Glorieuse » et son « Sanctuaire de la Réconciliation » qui doivent être bâtis sur la Haute-Butte (lieu privé). Ce serait même la « Clef de voûte de l’ensemble de la Révélation » (sic !) et l’« Unique Planche de Salut » (resic !), selon un certain Dr Jacques Pelbois (et d’autres) !

    Malheureusement (ou heureusement !), la « Grande Tribulation » imminente annoncée avant la fin du vingtième siècle n’est apparemment pas arrivée. Pour se rattraper, les sectateurs de Dozulé vont alors argumenter que c’est grâce à leurs nombreuses et incessantes prières aux pieds de la « butte aux prodiges » que la troisième guerre mondiale n’est pas (encore) arrivée…

    L’étrange théologie énoncée à Dozulé - il faut le dire assez simpliste et inconsistante - paraît par certains aspects bien bizarre et peu traditionnelle, parfois présentée comme un fruit de Vatican II (liberté de conscience, apostolat des laïcs, œcuménisme, ouverture au monde, nouvelle évangélisation, humanisme et sentimentalisme, nom de la fête de la Croix Glorieuse, etc.), parfois incorporée à un discours « traditionnaliste ». Un virulent reproche est systématiquement fait à l’évêché et aux prêtres (à l’Église en général) de ne pas diffuser et approuver officiellement ce « message divin » qui n’en est pas un, curieusement d’un œcuménisme de mauvais aloi et finalement peu catholique.

    Une enquête canonique et la réponse de Rome qui approuve ses résultats, en parlant aussi d’ « affaire à suivre ultérieurement avec la même vigilance prudente » (cardinal Ratzinger), ont été rendues publiques en 1985. A partir de ce même texte, certains ont conclu à un rejet sans appel et définitif (ce qui est en fait le cas) et d’autres au contraire à une porte laissée ouverte à la libre dévotion privée des fidèles. Monseigneur Badré précisait pourtant que « les écrits publiés contiennent des accents et des exigences tout à fait inacceptables ». Et en 1991, l'évêque de Bayeux-Lisieux Pierre Pican avait ainsi averti : « Le pseudo-message de Dozulé, dont l'extravagance et le caractère absolu ne méritent pas qu'on s'y arrête, est habilement commercialisé sous la forme de tracts, de supports médiatiques, d'appels divers relancés régulièrement, d'ouvrages de vulgarisation. Cette surabondance donne une impression de sérieux : elle est proprement illusoire et rallie les gogos. »

    Il est vrai que l’on peut trouver dans le commerce une abondante et médiocre littérature plutôt extravagante et indigeste (à notre connaissance apparemment uniquement favorable aux évènements), où se sont engouffrés des éditeurs comme Résiac, Les Nouvelles Éditions Latines ou encore François-Xavier de Guibert. A chaque leader, derrière chaque groupe qui essaye de récupérer la « mission sacrée » des « messages » en prétendant être le seul représentant et porte-parole légitime, de publier son ouvrage pour attirer de nouvelles recrues.

    La « Croix Glorieuse » de Dozulé, « ville bénie et sacrée qu’aucun cataclysme n’atteindra » (sic !), est présentée comme le « signe du Fils de l’Homme » (Matthieu au chapitre 24). Le Christ aurait donné des indications très précises pour l’érection de ce monument : chaque bras de la croix doit mesurer 123 mètres (largeur de 2 x 123 + 41 = 287 mètres) et sa hauteur six fois plus (6 x 123 = 738 mètres, qui est l’altitude de Jérusalem mais où certains ont vu 666+72). Cette hauteur est aussi curieusement proche de celle de la statue du Christ Rédempteur (38 mètres avec le piédestal) du Corcovado (altitude de 710 mètres) à Rio de Janeiro.

    A partir de quelques simples indications de grandeur données par la « voyante », des « disciples » plus ou moins autoproclamés ont largement développé le message avec des considérations assez fumeuses de numérologie et surtout des études scientifiques fort savantes et précises, confondant souvent perfection spirituelle et prouesses technologiques ! Certains ont pu même voir dans l’érection de la croix une manne providentielle pour relancer l’économie touristique du Pays d’Auge et faire « miraculeusement » baisser le chômage !

    Par certains côtés, Dozulé - qui par son étymologie signifie la « colline qui brûle » et qui était un bien des Augustins de droit romain, un Prieuré-cure dépendant de Sainte-Barbe-en-Auge (12e siècle) puis aussi de l’Abbaye Sainte-Geneviève de Paris (17e siècle) - rappelle le climat de fièvre eschatologique et politique assez douteux qui entourait les apparitions de La Salette. Aujourd’hui on pourrait faire de même un parallèle avec l’effervescence pseudo-mystique autour des soit-disantes apparitions mariales de Medjugorje, pareillement non reconnues par l’Église locale, ou des révélations privées de Don Gobbi, le fondateur du Mouvement Sacerdotal Marial.

    On peut aussi se demander si Dozulé (et l’ensemble non homogène des groupes et associations plutôt fanatisés et sectaires qui gravitent autour) ne représente pas quelque part une « face sombre » et parodique du mystère du haut-lieu sacré de Lisieux. Il y aurait ici une réflexion à approfondir.

    Donnons pêle-mêle quelques exemples de ces groupes autour de Dozulé : « Ressource », « La Famille de Nazareth », « Association des Amis de la Croix Glorieuse de Dozulé » (Paris, Mme Roque en 1982) et Résiac, « Association Catholique de Bretagne : Les Amis de Dozulé » (Jean Stiegler en 1984), « Association Catholique de Dozulé » (les Avoyne en 1993), « Paix et Joie pour la Croix du Seigneur » (Odette de Lannoy), etc. A noter au passage qu’il existe aussi une « Communauté de la Croix Glorieuse » (communauté du « Renouveau charismatique » fondée en 1981 et implantée aujourd’hui surtout à Perpignan et à Toulouse) qui n’est pas liée à Dozulé mais pose de même quelques problèmes.

    La Croix de Dozulé semble faire insulte à l’Exaltation de la Sainte-Croix (14 septembre), comme si elle voulait instaurer en quelque sorte une nouvelle fête le 28 mars. Il faudrait revenir à une bonne compréhension de ce que représente le vrai Crucifix (la « Haute-Butte » devant apparemment pour certains remplacer en quelque sorte le Golgotha…) et à une lecture plus authentique et traditionnelle de l’Apocalypse et des Écritures en général.

    C’est l’occasion pour nous aussi de redécouvrir la richesse et la profondeur de la fête de la Croix Glorieuse du Christ (ou Exaltation de la Sainte-Croix), mort et ressuscité pour nous, et lui redonner tout son sens véritable dans une tension paradoxale vivificatrice, relevant de l’ « antinomisme » qui dépasse les oppositions (comme par exemple dans l’expression chrétienne orientale de « douloureuse joie »).

    A défaut de la réalisation (vraiment plus qu’improbable, surtout qu’il s’agit d’un site protégé) du projet pharaonique demandé initialement, des « Croix d’Amour » miniatures au 1/100ème (7,38 mètres quand même) ou aussi « Croix de la Paix » (cf. le « Mouvement Universel pour la Paix » et les élucubrations d’un certain psychanalyste qui s’est beaucoup agité autour du message de Dozulé…) sont désormais proposées par certains (au grand dam des élus et habitants des lieux où ces croix sont érigées plus ou moins sauvagement)… C’est là une habile manière de rebondir face au premier échec !

    Et l’argument ultime d’une géographie sacrée de la France où un M marial apparaîtrait avec la Croix de Dozulé en son centre et sommet n’est pas très convaincant. De même pour certains la « Croix Glorieuse » serait la nouvelle Croix de Lorraine destinée à sauver la France et le monde. Rien de moins…

    Que penser donc de ces « apparitions » et « messages » et surtout de ce projet architectural qui mêle démesure, bêtise et laideur ? Faut-il voir dans cette affaire originale (mais finalement pas si isolée que l’on peut croire), qui discrédite et ternit quelque part l’image d’une Église déjà si mal en point, une manifestation du mensonge de celui qui sait habilement se transformer en ange de lumière pour tromper les croyants mêmes ? Un silence paraît être fait sur certaines infestations diaboliques qui semblent s’être manifestées aussi. Notons au passage qu’un père franciscain exorciste, le P. Curty qui avait été dépêché pour donner son avis sur les faits, semble s’être rallié à la cause de la « Croix Glorieuse ».

    La « voyante », quant à elle, ne semble avoir tiré aucun profit personnel de cette affaire (à part malgré tout une certaine mise en valeur de sa personne à laquelle elle ne s’oppose pas) et ne pas avoir souffert apparemment de « délire mystique » et de troubles psychiatriques.

    A moins qu’il ne s’agisse aussi d’une habile forgerie d’une personne ou d’un groupe de personnes qui aurait manipulé et influencé cette pauvre Madeleine, tenue depuis dans un certain silence et anonymat (mise sous curatelle en 2003 dans une maison de retraite médicalisée), et qui apparaît comme un certain « égrégore » d’influences psychiques plutôt qu’authentiquement spirituelles.

    L’ancien recteur de Dozulé (l’abbé Victor L’Horset, directeur spirituel de Madeleine et désigné par elle dans ses « messages » comme « le Prêtre » et par lui-même comme « le premier témoin »), présent lors des extases de la « voyante » pendant six ans, y croyait dur comme fer dès le début et semble avoir occupé une part très importante dans la prise au sérieux de ces phénomènes plutôt douteux devenus depuis un réel point de focalisation et de ralliement (d’autres « voyantes » se sont même manifestées depuis pour corroborer les « messages »). La position réelle du premier curé semble en fait assez ambigüe, fervent promoteur des « messages » mais cherchant aussi à freiner quelque peu leur diffusion auprès des autorités ecclésiastiques et civiles et en censurant apparemment quelques-uns considérés par lui comme « diaboliques ».

    Une amie de Madeleine, Suzanne Avoyne (le couple Avoyne est propriétaire des terrains de la Haute-Butte et du « Bassin de la Purification »), tient aussi une place importante dans l’affaire.

    Un point est encore à noter : la plupart des « apparitions » se passent non dans la solitude et le secret mais devant témoins (prêtre, religieuses, laïcs : certains « messages » leur sont d’ailleurs curieusement adressés en partie) et on peut se demander alors s’il n’y a pas quelque part une profonde influence du milieu et de l’entourage, sans forcément parler de manipulation délibérée et immédiate (bien que peut-être…). L’archevêque de Paris Mgr Vingt-Trois a pu parler ainsi d’ « instrumentalisation de Madeleine ».

    Le fait que les « messages » transmis soient dans un français assez recherché et surtout souvent en latin, que la « voyante » ne connaissait pas, pose aussi problème et laisse à réfléchir (rappelons au passage qu’à Lourdes la Vierge avait parlé à sainte Bernadette dans son patois…).

    Nous tenons à préciser que ces quelques modestes réflexions n’ont répondu qu’à une volonté de faire le point à ce jour sur cette histoire normande (parfois aussi bretonne), n’engagent que nous, ne constituent aucunes attaques personnelles et sont émises selon nos moyens, notre état et les informations publiques portées à notre connaissance.

    Jean-Marc Boudier


    *


    Article I : En vertu des canons 823 et 824 du Code de droit canonique, je réprouve formellement la publication de livres, brochures, prières, cassettes, qui ne portent pas l’approbation d’un Ordinaire.

    Article II : Je ne reconnais pas comme «sanctuaire», c’est-à-dire comme «lieu sacré où les Fidèles se rendent nombreux en pèlerinage, pour un motif de piété, avec l’approbation de l’Ordinaire du lieu» (Can. 1230) le domaine de «La Haute Butte» de Dozulé.

    Article III : En conséquence j’interdis toute propagande et spécialement toute collecte de fonds en vue de la construction d’un sanctuaire ou de l’édification d’une croix gigantesque en ce lieu (Can. 1265, § 1). De même, j’interdis l’édification de tout sanctuaire (église, oratoire, calvaire) sur ce territoire de la Paroisse de Dozulé (Can. 1215, 1224).

    Article IV : Restant saufs les droits du Curé sur le territoire de la Paroisse de Dozulé, j’interdis à tout Prêtre :
    – d’organiser ou de présider toute réunion en relation avec le «message» de Dozulé ;
    – de célébrer l’Eucharistie dans les mêmes circonstances; et précise que tout Prêtre qui, obstinément, enfreindrait les interdictions contenues dans cet article IV, s’expose à être privé dans le diocèse de Bayeux de la juridiction nécessaire pour entendre les confessions et, éventuellement, d’être frappé de suspense.

    *

    « A cette Ordonnance et à la lettre de Monsieur le Cardinal de la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi, j'ajoute la déclaration qui suit.

    Célébrer la Croix glorieuse, l'Église le fait solennellement le 14 septembre et les innombrables calvaires de nos campagnes et de nos villes sont le signe de la dévotion des catholiques envers la Sainte Croix. La Croix, instrument de supplice, s'affirme depuis le Vendredi saint et le jour de Pâques comme source de lumière et de force, grâce au Christ qui accepta d'en faire un signe visible du don gratuit de son amour pour les hommes. Vénérer la croix, l'Église l'a toujours fait et plus spécialement le Vendredi Saint.

    Prier pour la rédemption du monde, c'est ce que fait l'Église chaque fois qu'une messe est célébrée : « Voilà pourquoi, Seigneur, nous célébrons aujourd'hui le mémorial de notre rédemption : en rappelant la mort de Jésus-Christ et sa descente au séjour des morts, en proclamant sa résurrection et son ascension à ta droite dans le ciel, en attendant qu'il vienne dans la gloire, nous t'offrons son corps et son sang, le sacrifice qui est digne de toi et qui sauve le monde. » (Prière eucharistique IV). Le sacrifice de la messe est célébré « dans la communion de toute l'Église » et en lien avec le Pape et l'Évêque de l'Église diocésaine, cf. Prière eucharistique I.

    Dans cet esprit, il me semble important de faire les remarques suivantes :

    1) L'Église dont la foi se fonde sur la Révélation transmise par les Apôtres n'est jamais engagée par la manière dont chaque fidèle exprime sa propre foi. Les grâces particulières reçues par chacun sont d'abord personnelles et il appartient à l'autorité de l'Église de discerner si ces grâces ou charismes peuvent servir à l'édification du Peuple de Dieu.

    2) Pour ce qui se passe à Dozulé, l'action et l'agitation, la collecte de fonds par des personnes n'engageant que leurs seules responsabilités, sans mandat, sans aucun respect de l'autorité de l'évêque, la propagande fanatique en faveur du « message », la condamnation sans appel de ceux qui ne s'y rallient pas, me fait estimer en conscience, qu'au delà de toute cette agitation, je ne peux discerner les signes qui m'autoriseraient à déclarer authentiques les "apparitions" dont il est fait état, ou à reconnaître une mission qui serait donnée à l'Église de diffuser ce « message ».

    3) A côté des appels à la conversion, à la confiance envers la Croix glorieuse et à la dévotion eucharistique, les écrits publiés contiennent des accents et des exigences tout à fait inacceptables :
    - la valeur salvatrice de la seule démarche faite à Dozulé,
    - le caractère ultime et exclusif du « message »,
    - la mise en valeur de Dozulé, de la Haute Butte, « Terre sainte, nouvelle Jérusalem »,
    - l'eschatologie douteuse assez mal venue à l'approche de l'an 2 000,
    - sans parler des détails matériels (en particulier des dimensions gigantesques de la Croix). » (Mgr Jean Badré, évêque de Bayeux-Lisieux, 8 décembre 1985).

    *

    « Nous vivons un moment privilégié de communion d’Église, ici, à Lourdes, frères et sœurs.

    Nous expérimentons en même temps les fragilités de la communion lorsque des frères et sœurs s’estiment investis d’une mission de diffusion d’un prétendu message en faveur de Dozulé.

    N’allez surtout pas à Dozulé le 17 septembre 1989. Inutile de vous rassembler sur cette prétendue Butte aux prodiges.

    Les esprits enclins à développer des rapports de force et à diffuser la propagande pour une option partisane s’y retrouveront. Sachez qu’ils ne seraient pas en communion avec l’Église.

    Ils s’emploient à récupérer Lisieux en Sainte Thérèse et à s’imposer des rassemblements eucharistiques pour avoir une messe... » (Homélie de Mgr Pican, évêque de Bayeux-Lisieux, à Lourdes, le vendredi 1er septembre 1989 au cours de la messe diocésaine).

    *

    « Rien de nouveau… Le piège à gogos ! Non aux pressions, non à l’amalgame. Non aux pseudo-messages.

    Nombre de chrétiens de bonne volonté, de bon sens et de bonnes dispositions s’inquiètent, à bon droit, des pressions exercées par les messagers de la cause de Dozulé. Ils écrivent et demandent des clarifications.

    Personne n’a aucun mandat de diffusion et ne peut se prévaloir de l’avoir reçu de l’évêque de Bayeux et de Lisieux. Monseigneur Badré a établi un document sous la forme d’une ordonnance en 1985, prolongée par sa Déclaration du 8 décembre de la même année. Je vous demande de vous y référer et de vous y conformer. Ces documents constituent la réponse de l’Église et établissent sa position. Les termes retenus en 1985 valent pour 1991 et les années à venir. Ces pressions déplacées, extravagantes et fanatiques développent une attitude sectaire, incompatible absolument avec celle dont doivent se réclamer les fidèles de l’Église catholique. Les partisans de la thèse de Dozulé et ses diffuseurs ne sont pas en communion avec l’Église.

    Dans le souci d’éclairer les chrétiens, je demande aux fidèles de l’Église catholique de ne pas se laisser intoxiquer par la propagande sans fondement sur ce phénomène. En outre, le Domaine de la Haute-Butte ne doit, en aucun cas, être considéré comme un lieu sacré approuvé par l’Ordinaire de ce diocèse. Je maintiens les dispositions de l’Ordonnance du 24 juin, établie par Monseigneur Jean Badré, mon prédécesseur, ainsi que les termes de sa Déclaration du 8 décembre 1985 .

    J’interdis donc à tout prêtre d’organiser, d’accompagner et à plus forte raison de présider toute réunion en relation avec ce pseudo-message de Dozulé et de participer à des rassemblements sur la Haute-Butte.

    J’interdis également à tout prêtre de célébrer l’Eucharistie sur la Haute-Butte, notamment le 28 mars 1991, et de célébrer dans le cadre explicite d’un pèlerinage ce jour-là, comme les autres jours, à l’intention de Dozulé. Ne détournons pas l’Eucharistie à des fins partisanes, surtout le jour où les communautés chrétiennes, rassemblées dans la communion, font mémoire du Sacrement de l’Amour en solennisant le Jeudi-Saint et le signe de l’unité.

    Ce pseudo-message, dont l’extravagance et le caractère absolu ne méritent pas qu’on s’y arrête, est habilement commercialisé sous la forme de tracts, de supports médiatiques, d’appels divers relancés régulièrement et d’ouvrages de vulgarisation. Cette surabondance donne une impression de sérieux : elle est proprement illusoire et rallie les gogos. Elle réussit même à opposer les associations qui se prévalent de diffuser le véritable et authentique message et ses multiples versions de référence.

    Ne nous laissons pas abuser par cette surenchère commerciale et mensongère. Il faut raison garder, foi célébrer, charité développer, souci des petits et des humbles renouveler.

    Puisse le fanatisme déchaîné, cultivé et habilement développé par une poignée d’exaltés ne pas nous inquiéter. L’Église a arrêté la position à tenir et à communiquer. Tenons-la. Diffusons-la. » (Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux-Lisieux, le 15 mars 1991).